mardi 20 mars 2007

Frontières fermées à double tour


La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, 28 aout 1789, 617 mots pour préserver l’intégrité des Hommes.
Mais aujourd’hui, en France, si vous passez le pas d’une banque pour ouvrir un compte et que vous "avouez" n’avoir pas de papiers, vous sortez de cet établissement (la Société Générale pour ne pas la citer) escorté par des policiers et menotté.
Ces femmes, ces hommes cherchent des conditions de vie meilleures pour eux-mêmes et pour leurs enfants. Oui, ils sont
en situation illégale sur le sol français, oui, nous ne pouvons accueillir tout le monde mais est-ce une raison pour les traiter comme des délinquants ? Quand vous vivez depuis plusieurs années dans un pays, que vous y travaillez que vous y dépensez votre argent, que vos enfants y sont scolarisés, est-ce normal d’avoir peur chaque jour ?
Les plus hauts murs du monde ne nous protègeront jamais de l’incroyable force de vie qui pousse ces hommes et ces femmes à tout laisser et à partir pour l’inconnu.
NOUS, nos prêts, nos commandes massives de matières premières brutes payées à des prix dérisoires, notre surconsommation de tout et surtout d’inutile, nous sommes responsables de ce monde scindé en deux, de ces milliards de personnes qui rêvent d’une vie acceptable et comment le leur reprocher ?
Ouvrons les yeux, il y a des pays en guerre, des pays dans lesquels on torture, des pays frappés par la famine, des pays rongés par des pandémies, des pays pauvres… derrière ce mot "pays" si pratique, il y a des hommes, des femmes et des enfants qui subissent tout cela au quotidien.
C’est loin ? Une ou deux, allez quatre ou cinq heures tout au plus en avion, le temps de deux films regardés bien installés sur nos canapés moelleux et nous pourrions y être, ce n’est pas loin, eux feront des heures, des jours, des semaines, parfois des mois de marche, de bateau, ballotés au fond de remorques de camions pour toucher le sol français. Là ils vont travailler, faire tout ce qu’ils peuvent pour survivre et envoyer de l’argent à leur famille, raser les murs, ne jamais rien demander, se faire tous petits… pour rester quelques jours de plus ici, en France, jusqu’au jour où, parfois des années après, le gouvernement Français leur offre leur premier cadeau : le billet de retour en avion…
Alors OUI, elle est belle la Tour Eiffel, notre drapeau bleu blanc rouge, nos chères petites têtes blondes, nos inscriptions "Liberté, Egalité, Fraternité" sur les frontons des mairies et des écoles, OUI nous sommes des privilégiés, est-ce une raison pour regarder les hommes, les femmes et les enfants "étrangers" comme des menaces ? Si nous n’avions pas amassé tant de belles choses, nous n’aurions pas si peur de les perdre et nous ouvrir à l’autre ne se limiterait à pas le toiser comme un animal au zoo, bien installé dans le fauteuil du salon au travers de l’écran de télévision, là où il ne risque pas de se matérialiser…
Ces femmes, ces hommes, ces enfants qu’on appelle pudiquement "sans-papiers" ils ont un prénom, une histoire, des joies, des peines, et surtout, nous aurions pu naître à leur place.

J’ai lu dernièrement un livre magnifique :
Eldorado de Laurent Gaudé…


Signez la pétition...

3 commentaires:

Gaëlle B a dit…

Stéphane, ton commentaire est déplacé dans les impressions de DéDé du 9 mars, plus en lien avec ta remarque.

Pour tous les monde, je lis tous les commentaires même sur les billets anciens, autant mettre les commentaires sur le billet qui les a inspiré.

Anonyme a dit…

Bonjour Gaëlle,
Si les mots peuvent nous aider à dépasser certains maux, alors voici:

"Il est,
Il n'est plus.
Il est là,
Sage passager clandestin
D'une infusion de thé.

Perdu dans l'immensité
Et voué à le rester,
Il se demande: où ?
Plongé dans l'exiguïté
En quête d'identité,
Il se demande : qui ?

Alors nous conceptualisons.
L'Homme cherche à regulariser sa situation.

Hypocrisie ? Abus de pouvoir ?
Il serait possible de distinguer parmi nous des Sans-Papiers ?
Nous le sommes tous, non ?

Gaëlle B a dit…

Albert Jacquard a dit une chose magnifique la semaine dernière : lors des manifestations aux quelles il a participé les autres criaient : "des papiers pour tous" lui avait envie de hurler : "des papiers pour personne". Pourquoi devrions-nous prouver quelque-chose avec des papiers ? Nous sommes tous des humains et à ce titre, nous devons être solidaires.

J'ai rencontré un homme très bien qui a des fonctions importantes au ministère de la justice. Il m'a expliqué avec convistion que si nous facilitons les flux, et notamment que nous acceptons les aller-retour des immigrants de la France à leur pays d'origine en leur disant que si ils repartent ils pourront revenir, nous aurons autant voire moins d'immigration définitive car ces personnes seraient tenter de vivre quelques années en France, de repartir et peut être de rester dans leur pays mais au moins elles souraient qu'elles peuvent revenir si elle le souhaite et ça change tout. Aujourd'hui, si elles partent, les frontières se ferment à nouveau alors elles restent parfois à contre-coeur mais ne veulent pas prendre le risque de ne jamais pouvoir revenir.

L'institution a comme seul objectif de rendre difficile l'accès aux papiers pour dissuader les immigrants. Ne pourrions nous pas penser différemment tout le principe de l'immigration et cesser d'en faire un gros mot.
J'ai retenu une autre chose de ce dernier entretien : cessons d'accepter que les immigrants soient considérés comme des délinquants. Ils sont avant tout des entrepreneurs qui ont su récolter les fonds, trouver un moyen de "passer", ils ont une energie incroyable qui vaut le coup d'être regardée autrement que comme la marginale délinquance à laquelle elle est associée.